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Un mal des mots

13 mars 2011

Chronique d'un best-seller

L'homme de Kaboul, de Cédric Bannel.

Critique rédigée dans le cadre d’un concours organisé par CanalBlog et les éditions Robert Laffont.

 Il y a quelques mois, j’ai été contactée par l’équipe de CanalBlog, pour me proposer de recevoir en avant-première une épreuve de L’Homme de Kaboul, et publier une critique de ce roman sur mon Blog. N’ayant pas alimenté ce Blog depuis longtemps, j’ai saisi cette opportunité pour me créer le devoir de rédiger un post. Et me voici, à moins d’une heure de l’échéance…

 

L’intrigue :

Kaboul, Afghanistan, de nos jours.

Oussama Kandar, chef de la brigade criminelle de Kaboul, est averti du suicide d’un homme d’affaires afghan. Surpris, car si les attentats suicides y sont malheureusement monnaie courante, le suicide est peu répandu en Afghanistan, il décide de se rendre sur les lieux. Sur place, le ministre de la Sécurité, son supérieur direct, insinue que l’affaire ne mérite pas de s’investir dans une enquête. Rigoureux, Oussama procède cependant à l’inspection de la scène et trouve rapidement des indices corroborant ses doutes face à la thèse du suicide : absence de traces de poudre sur les mains du cadavre, et présence de déodorant indiquant qu’il se serait apprêté avant de mourir…

Ainsi débute le mystère qu’Oussama s’efforcera de résoudre avec acharnement, envers et contre tous, avec l’aide de ses fidèles adjoints, et qui les entraînera dans les méandres d’une affaire complexe, dont les implications dépasseront de loin les frontières de l’Afghanistan.

Berne, Suisse, au même moment.

Nick et Werner, deux jeunes analystes travaillant pour le compte d’une structure « très discrète », l’Entité, sont contactés par un indicateur qui leur apprend où se trouve un fugitif activement recherché, dans le cadre d’une mission top secrète et top priorité.  Excité, et fier d’avoir obtenu l’information, Werner contacte le « général » qui dépêche une troupe de « K » sur les lieux, des hommes de terrain surentraînés, à la réputation héroïque entourée de mystère et de crainte. Frustré d’être ainsi laissé à l’écart, Werner convainc Nick de partir à la recherche du fugitif de leur côté, à l’insu du général. Une expédition qui se soldera par une nouvelle disparition du fugitif et le décès accidentel de Werner, laissant Nick avec entre les mains un dossier énigmatique retrouvé dans les affaires du fugitif, et dans le cœur l’obsession de comprendre les enjeux qui y sont associés.

A partir de là, nos deux héros vont se lancer chacun de leur côté dans une enquête aux multiples rebondissements imbriquant au fur et à mesure les différentes pièces du puzzle pour aboutir à un dénouement commun.


 Les personnages :

Deux personnages principaux donc, Oussama Kandar et Nick Snee, que tout semble opposer mais qui se retrouvent dans leur quête de justice et de vérité.

Oussama est un héros : physiquement impressionnant par sa taille, compétent dans ses fonctions, intègre dans sa moralité. On s’attache à ce personnage, très humain, que l’on suit dans son enquête, mais également dans sa vie privée, et sa relation avec sa femme.

Nick est presque un antihéros : intellectuel avant tout, il se retrouve comme pris dans une aventure pour laquelle il n’était pas taillé.

Le Mollah Bakir, autre personnage clef de l’intrigue, est à mon sens le plus ambivalent : taliban modéré, il milite pour un pouvoir religieux, mais sans les excès du régime précédent. Il accordera son aide à Oussama, pour servir ses propres intérêts, et l’on se demandera un moment dans quelle mesure il sera digne de confiance.

La plupart des autres personnages sont plus manichéens : bons ou méchants, ce caractère est clairement affiché, et ils ne dévient pas de leur orientation au fil de l’histoire.


Le rythme, le style, l’univers …

Bien documenté (semble-t-il, pour autant que je puisse en juger, mes connaissances en la matière étant plutôt limitées), ce roman plonge le lecteur au cœur de l’Afghanistan.

Cependant, n’étant pas une inconditionnelle du genre policier, j’aurais sans doute davantage apprécié de partir à la découverte de l’Afghanistan en compagnie de personnages plus complexes, se situant au cœur du récit et non au service d’une intrigue.

Une intrigue bien articulée, dans laquelle s’imbriquent deux histoires parallèles qui finiront par se rejoindre, mais que l’on suit facilement. A la fin, tout est expliqué très vite, on referme le livre sans se poser de questions.

Loin de m’ennuyer, j’ai dévoré ce roman en quelques jours, mais je dois avouer qu’après quelques centaines de pages, lorsque je quittais Oussama dans une situation délicate pour rejoindre les bras de Morphée, je n’avais aucune inquiétude quant au fait de le retrouver le lendemain.

Un style efficace servant bien le genre ‘thriller’, mais qui manque de poésie à mes yeux.

Par exemple, Cédric Bannel nous présente Oussama ainsi : « âgé d’un peu plus de cinquante ans, Oussama mesurait deux mètres. Sec (il pesait à peine quatre-vingt-dix kilos), il en imposait avec sa barbe veinée de gris, taillée court, et ses cheveux ras. ».  

Aurions-nous pu nous passer du poids du personnage pour suivre l’intrigue ? Je le présume… et serai tentée de dire que l’auteur manie mieux la précision que la métaphore.

Quelques indications inutiles par moments, comme l’indication que la mère de Nick s’est remariée avec un apiculteur, sur laquelle mes yeux se sont posés en feuilletant le livre à nouveau. Une information figurant au dossier du personnage, tendant probablement à montrer le niveau de précision du dossier, mais le reste du paragraphe m’a paru remplir amplement cet office.

 

Tout cela est subjectif bien entendu, ne constitue que mon humble avis, et j’ai peu de points de comparaison dans la catégorie ‘thriller’.

De toutes façons, je ne m’en fais pas, mes petites piques ne pourront faire grand mal à un roman déjà classé dans la collection ‘Best-sellers’.

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22 octobre 2009

Vol...

P201009_18Des hommes en uniforme barraient le passage. Ils ont contrôlé nos papiers d'identité, et nous ont indiqué le passage à emprunter. Une seconde équipe nous interrompit sur notre chemin. Ils nous ont fait déposer nos sacs dans des caisses en plastique, et déballer le matériel informatique. Ils nous ont demandé de nous dépouiller de nos vestes et ceintures. Nous avons dû quitter nos chaussures, et envelopper nos pieds dans des sacs en plastique. Puis, nous avons été parqués dans un bus, qui nous conduisit à l'appareil qui nous emmènerait vers notre destination finale. Canalisant le flot humain par l'ouverture d'une seule porte, ils nous firent descendre du bus par petits groupes. A bord de l'appareil, une fois attachés, ils nous ont lavé le cerveau, nous empêchant de penser, serinant sans interruption les directives des ministères de la santé et de l'intérieur. Ils ont insisté sur l'interdiction de fumer et les sanctions associées, rappelé les menaces qui nous encerclaient, n'oubliant ni le terrorisme, ni la grippe. Les consignes de sécurité furent bien détaillées. Lorsque nous fûmes calmement assis, ils nous récompensèrent de deux biscuits secs et d'un verre d'eau chaude à la couleur étrange rappelant celle du café. Une heure plus tard, ils nous ont relâchés. C'était un vol intérieur.

15 septembre 2009

Le langage des oiseaux

Le Langage des Oiseaux est une technique littéraire médiévale basée sur des jeux de mots à partir de leur sonorité, destinée à dissimuler certains messages.
Principe : Rédiger un texte en utilisant quatre mots proposés, non pas pour leur signification mais pour leur phonétique, de façon à ce que chacun de ces mot constitue la fin et le début de deux (ou plus) mots qui se suivent.
Les mots incrustés doivent obligatoirement faire la liaison entre deux autres mots. Une ou plusieurs syllabes de « l’incrusté » terminant un mot et le reste composant le début d’un autre. Les mots incrustés doivent être utilisés dans l’ordre de la liste.


Exercice 1: Dégouliner, attraction, pendulaire, lampisterie

Triste ville en ruines, abandonnée des hommes, où ne subsistent plus que quelques créatures aux canines acérées, caniDES, GOULES, ...
INErtes sont les vestiges de la civilisation, machines rongées par la rouille, édifices éboulés par le dernier séisme. Un tremblement de terre d'amplitude inégalée par le passé, qui fit fuir en masse les derniers humains, sautant par dessus les décombres, tel un nuage de sauterelles que le mainATE TRAQUE.
SION était une jolie ville auparavant, avec en son centre un bourg médiéval particulièrement bien conservé jusque dans les années 2000 qui lui donnait beaucoup de charme. Chaque matin, on pouvait y voir la mère Truchet, dont la famille avait vécu à Sion de génération en génération, penchée à sa fenêtre pour observer son chat, laPANT DU LAIT. L'ERE de ce calme apparent est hélas révolue et la vielle ville s'est effondrée elle aussi.
Nous ne sommes à présent plus que quelques uns, rescapés des pierres, à vivre reclus, ayant fait fi de toute politesse ou éducation, comme en témoigne notre leader qui, tout en me parLANT, PISSE.
"TE RIrais-tu de moi ?" m'interpella-t-il en me gratifiant d'un regard menaçant. Je niais avec conviction. Il se détourna en maugréant: "Bon à rien d'écrivain...".

Exercice 2: Nicomède, alarmiste, fenouil, vénitien
Rentré victorieux d'une bataille qui s'éternisait depuis des semaines, désireux de prendre en peu de bon temps et d'en faire profiter sa cour, le prince fit dresser un buffet garNI, COMME EDifié par Gargantua lui-même.
Comme il se doit, il convia à ce banquet, parmi tous ses chevaliers qui avaient pris part au combat, ceux qui étaient encore aptes à festoyer. On fit venir toutes les dames du pays, surtout les plus belles, parées de leurs plus riches atours.
Les convives, honorés d'être admis à la table du prince, se présentèrent à l'heure indiquée. Ils saluèrent le prince, se présentèrent les uns aux autres, commencèrent à échanger, à rire ou à débattre, puis furent invités à rejoindre le buffet. Tandis que l'on se régalait et que la fête battait son plein, le cor sonna l'ALARME. HYSTérique, la comtesse se mit à pousser des cris aigus, ajoutant à la panique ambiante. Une dame s'évanouit. On ne la vit même pas s'effondrer sur le sol. Les convives s'éparpillaient le plus rapidement possible, à grand fracas, renversant pichets, caraFEs, NOUILLES et gibiers. C'était une telle pagaille que l'on ne pouVAIT, NI SIENS, ni ceux des autres, relier les membres à qui ils appartenaient.

Exercice 3: Miracle, oracle, spectacle, opaque

Sur la pointe des pieds, Tom s'introduisit dans la chambre de Virginie, sa colocataire, tandis que celle-ci se préparait dans la salle de bain. Tout était en ordre, il adMIRA CLandestinement cette capacité à tenir une pièce bien rangée, mais se demanda comment parvenir à ses fins sans y mettre un désordre qui serait inévitablement remarqué.
N'étant pas à la recherche de bijoux ni d'OR, AH CLeptomane repenti, il n'inSPECTA QUE LE dernier rayon de la bibliothèque qui abritait les livres de cuisine. Il se saisit de la "bible" culinaire de la jeune demoiselle, un recueil de recettes de "Desserts à faire fondre", qu'elle mettait à l'épreuve chaque fois qu'elle invitait à dîner une nouvelle conquête.
Ayant préalablement procédé à l'inventaire de la cuisine, Tom put retrouver sans trop de difficultés la recette prévue pour le soir même.
Armé d'un peu de Tippex et d'un feutre fin, il maquilla soigneusement le temps de cuisson de 40 minutes, qui se transforma en un joli 20.
Après s'être assuré que la correction était bien sèche, il replaça promptement le livre sur l'étagère, et s'éclipsa discrètement de la chambre, puis de l'appartement, comme le lui avait demandé Virginie. Il partit encore une fois vers une soirée solitaire, mais emportant comme petite consolation l'assurance que "Mr Nouvelle Conquête" aurait à déguster un gâtEAU PAS Cuit.

Exercice 4: Contrevent, radiation, lampadaire, exotique
CONTRE VENTs et marées, Ylith parcoure les sentiers égarés d'une ombre éloignée à la recherche de monstres déchus. Ceux-ci, aigris dans leur exil, n'ont plus rien à défendre, plus de propriété, mais leur nature les pousse à pourfendre le téméraire qui ose les approcher.
Yilith les cherche donc, pour les éliminer, et sur son chemin renCONTRE VANdalisme, peur et précarité.
En effet, il se trouve que l'un de ces monstres maudits se réveilla, rescapé du temps, il y a peu, et irRADIA SILLONs et vallées d'une colère acharnée, terrifiant les villages de la contrée.
Dans sa quête, Ylith fut comblée. Elle l'aperçut grimpant la colline d'un LENT PAS, DERouté. Il zigzaguait, tel un vieux T-rEX AUX TICS dégénérés.
D'un seul sortilège, elle put l'envoûter, et le rendit à son sommeil pour l'éternité.

15 septembre 2009

Un instant de pause dans la course contre le temps...

Jour de liberté, sans contraintes, je jubile d'avance de pouvoir enfin laisser aller ma rêverie, mes sensations, absorber la ville et la vie qui y grouille, me ressourcer pour pouvoir donner à nouveau. J'ai décidé de laisser mes pas me porter là où ils pourraient et mon regard se poser là où il voudrait. C'est grisant, je marche d'un pas vif, le sourire aux lèvres, ayant laissé tomber le masque requis de la citadine qui doit en toute circonstances prévenir: "je suis pressée et d'une humeur massacrant, laissez-moi aller en paix vers mon but".
Au bout de quelques temps, presque une heure je crois déjà que je marche, je commence à fatiguer, ralentir le rythme, et regarder davantage autour de moi.

Levant les yeux par hasard en arrivant au pied d'un immeuble, je tombe en arrêt devant le spectacle qui s'offre à moi. Un homme, perché sur une échelle en bambou, appuyée en équilibre précaire contre un lampadaire, répare une installation électrique de la ville. Il est concentré, mais presque détendu, et ne semble pas déstabilisé par l'apparente fragilité de l'édifice qui le maintient. Son attitude, et même sa tenue faite d'une chemise aux manches retroussées, d'une petite casquette estivale, et de tongues, contrastent avec le travail qu'il est en train d'accomplir. Je souris à l'homme, puis me détachant de son image, commence à essayer de décrypter le fatras qui l'entoure : un amoncellement de câbles électriques qui semblent ne jamais prendre fin, emmêlés les uns aux autres.

Je ne parviens pas à détacher le regard, comme absorbée. Je commence à fredonner une chanson mélancolique :"Chuis mêlé, je m'emmêle les pédales, Chuis tout mêlé dans les rues de Montréal" (Volo). Il y a quelque chose de personnel dans cet amas de câbles. Et en effet, une fois détendu le fil des obligations que je suis chaque jour sans avoir le loisir d'y réfléchir, que reste-t-il de mes pensées, sinon un désordre grouillant de réflexions futiles, désirs contradictoires et projets inaboutis. Ce temps libre, tant attendu pour me retrouver, me laisse face à un sac de nœuds que je ne sais par quel bout attaquer. Comme j'aimerais demander conseil à cet homme qui dénoue les vrais fils sans ciller. Il m'interpelle, mettant fin à ma rêverie: "eh! ma petite dame, faut pas rester la dessous, ya des bouts qui pourraient tomber". Je le remercie d'un signe de tête et m'éloigne, en me demandant si j'arriverai réparer mes propres pensées avant qu'un bout d'émotion maladroit et incontrôlé ne vienne à tomber sur l'un de mes proches.

Inspiré par : http://www.lefigaro.fr/medias/2009/07/06/20090706PHOWWW00305.jpg

Consigne: Un texte de trois ou quatre paragraphes, ni plus ni moins, dont au moins un ou la totalité sera consacré à la description.

15 septembre 2009

Nos amis les humains


C'était un grand jour pour la mission. Depuis 3 siècles, nous observions la terre grâce à nos puissants satellites, et nous étions parvenus à établir une planetographie complète recensant toutes les informations géographiques, biologiques, technologiques et politiques qui nous semblaient pertinentes. Nous disposions de rapports très complets, faisant état de toutes les spécificités locales que nous avions pu constater. En effet, si les humains nous avaient tous parus semblables au premier abord, nous nous étions rapidement aperçus qu'il existait en réalité de nombreuses disparités, causant la désorganisation caractéristique de cette planète.
De fait, telle que nous l'avons observée, la terre est une planète très divisée. En premier lieu, une division géographique forme plusieurs continents, séparés par des océans. Ces continents sont ensuite divisés en pays, comme nous l'avons découvert à force d'écoutes, car les pays ne peuvent être repérés géographiquement. Un pays est constitué d'un regroupement, plus ou moins important, d'humains, obéissent à un ensemble de règles communes et parlant le même langage. Nous avons en effet noté que les lois et les langages varient énormément sur l'ensemble de la planète, entraînant visiblement des désaccords qui génèrent des conflits. Les différents peuples humains n'ont donc pas les mêmes objectifs, et, sous l'inspiration de leur chef, semblent consacrer davantage de temps à défendre leurs points de vue locaux par la guerre, qu'à ?uvrer pour leur avenir commun. Plus troublant même, les objectifs politiques (objectifs communs insufflés par le chef) peuvent varier selon les périodes à l'intérieur d'un même pays. Lorsqu'un changement de chef se produit (selon un protocole varié en fonction des pays), il n'est pas rare d'observer le nouveau chef détruire toutes les actions entreprises précédemment. Ainsi, les humains n'ont aucune directive constante leur permettant de progresser, ce pourquoi nous avons qualifié cette espèce d'auto-destructrice.
Cependant, compte tenu de la jeunesse de l'espèce, et des conditions précitées, les humains ont mis en place de considérables progrès technologiques, bien qu'ils n'en aient pas toujours mesuré les conséquences. De plus, la terre est une planète sur laquelle l'art, sous de bien nombreuses formes, s'est perpétué à travers les siècles. Ces derniers constats nous laissent encore perplexes, car, prouvant que l'espèce humaine est loin d'être dépourvue d'intelligence, ils rendent encore plus inexplicable le règne de désorganisation qui s'est instauré. Pour cela, nous avons ressenti le besoin de pousser plus loin nos explorations, au niveau de la psychologie de l'espèce. A cette fin, nous devions absolument nous rendre sur terre, mais nous ne voulions pas être vus, ce qui aurait biaisé nos observations. Nos scientifiques réfléchirent donc pendant plusieurs années pour parvenir à une solution: notre technologie nous permettait à présent de prendre possession d'un corps d'humain pour explorer la planète sans éveiller les soupçons de ses semblables. C'est pour cela que ce jour marquait un tournant crucial dans notre mission.
Avec une petite équipe de sociologues, nous avions affrété un vaisseau en direction de la terre, où je serais responsable de trouver un humain pour m'y incarner. Nous nous dirigeâmes vers un champ qui semblait propice à l'atterrissage, et dépliâmes l'escalier d'accès au vaisseau. J'aperçus une humaine qui longeait un chemin en bordure de champ. Par télépathie, je lui intimai de s'approcher et de monter à bord du vaisseau. Elle s'arrêta sur la dernière marche, à l'entrée du sas où je devais prendre possession de son corps. Avant tout, en haut des marches, plus qu'une femme je vis un être. Plus qu'un corps je vis une silhouette longue que je pus seulement définir comme une ombre concrète où brillaient deux yeux pénétrants pleins d'un esprit impétueux mais cristallin. Il semblait que son regard était fait d'âme... Je n'ai pas pu m'emparer d'elle. Relâchant ma pression psychologique, je la laissai fuir. Elle était consciente, elle nous avait vus, elle fut abattue pour éviter qu'elle ne parle. Nous décollâmes précipitamment, reportant la mission. Aujourd'hui, je plaide coupable pour cet échec, et vous présente bien sûr ma démission du service d'observation terre, me tenant humblement à votre disposition pour toute tâche d'archivage que vous jugeriez bon de me confier.

Consigne: construire une histoire en réutilisant dans son intégralité une citation.
Ici, une citation d'Alexandro Jodorowsky
Extrait de : MU  Le maître et les magiciennes.
"Avant tout, en haut des marches, plus qu'une femme je vis un être. Plus qu'un corps je vis une silhouette longue que je pus seulement définir comme une ombre concrète où brillaient deux yeux pénétrants pleins d'un esprit impétueux mais cristallin. Il semblait que son regard était fait d'âme..."

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15 septembre 2009

Exercices de style...

Ces derniers temps, je m'adonne à quelques exercices d'écritures, demandant de se plier à certaines règles.
Il en ressort parfois quelques trouvailles amusantes, que je me propose de poster ici.

15 juin 2009

Perception... du rêve au supermarché

La pierre, je dois trouver la pierre.

Roméo,pourquoi es-tu Roméo ? Si je trouve la pierre nous pourrons nous marier. Non, je dois trouver la pierre pour accéder à l’immeuble ou j’ai rendez-vous. Si je n’y parviens pas, c’est mon travail qui est en jeu. Roméo n’est pas là… Mais que peut bien faire la poterne ? Je lui avais pourtant demandé d’élimer le fourrage rapidement.

« Messieurs-dames, vos billets s’il vous plaît ! ».

Je sursaute, et feins une totale clarté d’esprit en recherchant mon billet. Avec la fatigue, je me suis assoupie dans le train. Mes rêves mélangent les textes que je vais bientôt jouer au théâtre, le rendez-vous client dont je sors, et le livre que j’étais en train de lire quand je me suis endormie.

Le contrôleur parti, je me concentre sur mon livre, un roman japonais se situant à la frontière entre la réalité et l’imaginaire.

En descendant du train, j’ai une impression étrange. Je suis à la fois ailleurs et plus présente. Je suis ailleurs car rien ne me touche. Les préoccupations qui tournent en boucle dans mon esprit stressé se sont tues. J’ai accompli mon devoir et n’ai pas de perspective pour les heures à venir. Je m’amuse avec des pensées issues de mon livre, je regarde si toutes les ombres sont aussi sombres les unes que les autres, l’un des personnages de mon roman ayant un problème d’ombre...

Je suis en même temps plus consciente. Les contours du monde réel me semblent plus nets, sa lumière plus intense. Je crois que c’est ce que l’on peut ressentir avec certains psychotropes.

Je savoure cet état dans lequel finalement je me sens bien.

La fatigue ne me pèse plus, je marche sans même le sentir.

Un passage au supermarché me ramène à la réalité de mes pieds douloureux lors de l’attente en caisse. Rien dans les rayons n’a émoustillé mon imaginaire de consommatrice… je redeviens terre à terre, ventre creux, et ne vis plus que dans l’attente d’un dîner bien concret pour me sustenter.

15 juin 2009

La robe

Je m’appelle Mireille. J’ai 59 ans. Bientôt 60, mais j’ai envie de m’octroyer le répit de quelques jours qu’il me reste avant d’assumer la dizaine supérieure.

Aujourd’hui, je suis l’invitée d’une émission littéraire télévisée pour parler de mon roman qui vient de sortir. C’est mon premier roman.
Après avoir enseigné le français pendant près de 30 ans, j’ai quitté l’éducation nationale pour me consacrer à ma passion, l’écriture. J’ai publié un manuel sur l’enseignement, plusieurs travaux de recherche en littérature ainsi que quelques nouvelles plus ou moins réussies.
Ce roman, c’est un rêve qui s’accomplit enfin, le travail de deux années entières qui voit maintenant le jour.
La réalisation de ce rêve, je la dois avant tout à Patrick, mon mari.

J’admire mon mari. C’est un homme qui sait garder en toutes circonstances un calme olympien, profondément altruiste, et animé par un sens du devoir au-delà de toute comparaison.
Il s’est battu pendant des années pour amener notre famille à un confort de vie non négligeable. En tant que commercial, il a parcouru les routes de l’Ouest, de rendez-vous en rendez-vous, pour vanter les mérites des copieux Xorex. Depuis à peine 10 ans, il est à la tête d’une petite agence, ce qui lui assure des horaires plus confortables.
Pendant son temps libre, il aime par-dessus tout s’installer pour lire dans le jardin. Mais il affirme qu’il ne peut s’y consacrer sereinement que si son jardin est parfaitement bien entretenu. Il va sans dire que sa femme qui consacre le plus clair de son temps à l’écriture ne l’aide guère dans cette tâche, et que sa lecture est bien souvent sacrifiée au jardinage. Quand j’ai exprimé le désir d’abandonner mon poste de professeur, il m’a soutenue et encouragée, affirmant que ses revenus suffiraient à notre subsistance en attendant que mes publications fassent recette. Quand je suis dans une phase d’inspiration, il prend soin de moi, me soulage des tâches ménagères sans rien me demander en retour.
Ce soir, il s’est libéré pour m’emmener à Paris pour l’émission.

En attendant, je suis prête de bonne heure, comme d’habitude, mais me sens désœuvrée maintenant le roman terminé. Pour une fois, je vais prendre soin de mon petit mari, et pars faire quelques emplettes au marché pour nous préparer un bon déjeuner.

Au marché, je me retrouve face à Charlène, une amie, ou plutôt une connaissance. Nous habitons le même quartier et avons pris l’habitude d’échanger quelques mots lorsque nos enfants étaient encore à l’école et que nous les attendions à la sortie de la classe. Charlène a mon âge, mais ne le paraît pas. Sa silhouette est autant en longueur que la mienne est en rondeur. Ses cheveux probablement tout aussi grisonnant que les miens sont rajeunis d’aspect par la teinture blonde. C’est une femme soignée, qui accorde beaucoup d’importance à son apparence.Charlène me demande d’une voix suraiguë comment je vais, si je ne suis pas trop stressée par l’émission de ce soir, et ce que je vais porter, parce que, bien sûr, je ne vais pas y aller comme cela, n’est-ce pas ?
Or, si, je pensais bien y aller comme cela. Je n’ai jamais apporté beaucoup de soin à mon aspect extérieur. Choisir des tenues, assortir des chaussures, vernir ses ongles, cela m’ennuie. Quand j’étais plus jeune, je me plaisais à dire que le naturel était la plus belle parure pour une femme. Et il est vrai que ma minceur et ma fraîcheur de l’époque faisaient tout à fait leur office en matière de séduction, en témoignaient les regards encourageants que me lançaient certains pères célibataires, ou non, en réunion parents – professeurs.
Aujourd’hui, quand je me regarde, je sais bien que cela ne suffit plus, j’évite alors de me regarder. J’aime à me dire que je suis une intellectuelle, et que quoique je fasse pour paraître belle aujourd’hui ne me rajeunira pas, alors autant jouer sur d’autres tableaux. J’ai passé l’âge des fioritures, et ne m’y étant jamais intéressée, je n’ai pas l’intention de m’y mettre maintenant.
Mon mari affirme qu’il m’aime comme je suis. Et je le crois. Peut-être ne me désire-t-il plus comme avant, mais je dois avouer que je n’éprouve plus non plus envers lui les ardeurs de nos 25 ans. Mais tant d’autres choses nous lient.

Je quitte donc Charlène avec la ferme intention de n’en faire qu’à ma tête en ce qui concerne ma tenue, et finis mes quelques courses avant de prendre le bus pour rentrer avec mon chargement. En montant dans le bus j’avise une jeune femme qui fait mine de me céder sa place assise. Je décline en la remerciant, avec un trait d’humour sur mon grand âge qui ne paraît tout de même pas si canonique.
Je me remets à penser à l’émission de ce soir. Ce roman c’est le rêve d’une vie, le travail de deux ans, je suis heureuse d’avoir l’opportunité d’en parler. Je pense que je vais être interrogée sur les auteurs qui m’ont inspirée, à qui je me ferai une joie de rendre hommage. Je sais que j’aurai des questions plus personnelles aussi. Ce roman, c’est un roman d’initiation, d’une jeune fille dans la vie moderne. J’imagine que les journalistes voudront y voir mon histoire, ou celle de ma fille. Mais cela ne m’angoisse pas trop, je répondrai avec franchise, ou esquiverai avec esprit.

En descendant du bus, je ne traverse pas tout de suite comme à mon habitude car le trottoir d’en face est en travaux. Je passe alors devant une boutique que je n’avais jamais vue et y jette un œil distrait. L’image que me reflète alors la vitrine me stoppe net. J’ai l’air grosse, fatiguée, terne. Je fais mémère.
Pour la première fois, je me demande ce que les gens vont penser de mon apparence. J’ai peur qu’ils me trouvent risible ou qu’ils me prennent en pitié. J’ai envie qu’ils se concentrent sur mon roman et sur mes paroles, pas sur ma déchéance physique. Et soudain j’entends déjà résonner les quolibets sur cette vieille femme qui, de toutes façons, ne doit plus avoir que l’écriture dans la vie. Et cela me révolte d’imaginer que l’on puisse réduire ma passion à un passe-temps ou un substitut pour mes vieux jours.

Je décide alors de rentrer dans la boutique, qui s’avère être une boutique de vêtements, pour trouver une solution afin d’améliorer mon apparence pour ce soir.
La vendeuse me présente une robe magnifique, que j’essaie aussitôt. Je trouve la robe élégante mais en me voyant ne suis pas convaincue. Voyant ma moue, la vendeuse me présente les chaussures assorties, replace mes cheveux, agrémente le tout d’un pendentif et me dit : « Avec un peu de maquillage, vous serez transformée ».
Et je vois alors dans le miroir, non pas une jeune femme, mais un aperçu de la femme que je pourrais encore être si je daignais m’occuper de moi.
Seulement, le prix de la robe est prohibitif. Je remercie la vendeuse, et ressors avec mes paquets de légumes, un sentiment d’impuissance pesant sur mes épaules.

Quelques mètres plus loin, prise d’une impulsion, je fais demi-tour. J’achète la robe.J’en prendrai grand soin ce soir, et la retournerai demain en prétextant que mon acquisition n’était pas au goût de mon mari.

Après le déjeuner et une petite sieste, je m’enferme près d’une heure dans la salle de bain pour me parer avant le départ. Patrick me fait remarquer que je suis magnifique. Je lui explique alors que je voulais paraître belle pour ce soir, mais que la robe n’est pas dans nos moyens et que je compte la rendre dès le lendemain matin.

L’émission est passée très vite, les questions n’étaient finalement que très superficielles. J’ai été complimentée sur ma tenue, mais au fond j’ai été déçue. J’aurais préféré que nous parlions plus du livre, et moins de moi.
Plusieurs lecteurs m’ont abordée ensuite pour une dédicace. Avant de retrouver Patrick, f’ai échangé quelques mots avec un homme charmant, d’une cinquantaine d’année, qui m’a laissé sa carte.

Après l’émission, nous avons passé une soirée romantique inoubliable avec mon mari, comme nous n’en avions pas eu depuis plusieurs années. Un dîner en tête à tête suivie d’une nuit où le sommeil n’avait que peu sa place. Patrick m’a confié qu’il était fier de moi, que de me voir ainsi célèbre me rendait irrésistible. Ou alors était-ce la robe…

Peu importe, le lendemain j’ai tenu ma promesse et me suis fait rembourser sans trop de difficultés mon achat.

Quelques jours plus tard, pour mes soixante ans, Patrick m’a offert la robe. Nous avons vécu une autre soirée mémorable, puis la tendre routine a repris le dessus.

Je me réveille, tout mon corps est douloureux, la tête surtout. Ma robe est sale et déchirée. Ai-je subi une agression ? Je ne me rappelle de rien. J’ai froid. Je suis dehors. La pluie se met à tomber et me fait reprendre conscience.

Je commence à me souvenir. Comme chaque matin, cela me revient peu à peu, doucement, douloureusement.
L’homme de la sortie de l’émission. Je suis retournée à Paris pour le voir. J’ai découché quelques fois. J’ai regretté et tout avoué. Patrick ne m’a pas pardonnée, nous nous sommes séparés. J’ai pris un petit studio, tenté de reconstruire ma vie. Mais j’étais anéantie, je savais plus qui j’étais ni qui je voulais être. Je n’ai plus jamais réussi à écrire.

 Alors je tends la main, ici, jour après jour, dans ma belle robe en lambeaux.

11 juin 2009

Des nouvelles

Absorbée par les répétitions en vue des représentations théâtrales de la fin d'année, je n'ai pas trouvé le temps de faire beaucoup de mises à jour sur ce blog. Cela se termine bientôt, et j'ai quelques nouvelles dans mes placards à peaufiner.

En attendant, voici le lien vers un article écrit et illustré par Moalex auquel j'ai contribué (pour la partie écriture uniquement bien sûr) :

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http://www.petite-republique.com/observation-terre-etude-commanditee-par-le-service-de-sociologie-interplanetaire/

11 juin 2009

TENDRE GUERRE... quelques mots sur le théâtre

TendreGuerre TENDRE GUERRE
Un spectacle de la compagnie l'Air du Verseau, mis en scène par Christophe Hatey.
Samedi 13 Juin à 15h30 (pour 1h30 de spectacle environ je crois).

 

Bouffon Théâtre – 28 rue de Meaux – 75019 PARIS

 

Places disponibles en prévente auprès des comédiens (10€)



Extraits de :

· Roméo et Juliette de Shakespeare

· La comédie du langage de Tardieu

· L’ours de Tchekhov 

· On purge bébé de Feydeau

· Chambres de Minyana

· Et d’autres…

 

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