Un instant de pause dans la course contre le temps...
Jour de liberté, sans contraintes, je jubile d'avance de pouvoir enfin
laisser aller ma rêverie, mes sensations, absorber la ville et la vie
qui y grouille, me ressourcer pour pouvoir donner à nouveau. J'ai
décidé de laisser mes pas me porter là où ils pourraient et mon regard
se poser là où il voudrait. C'est grisant, je marche d'un pas vif, le
sourire aux lèvres, ayant laissé tomber le masque requis de la citadine
qui doit en toute circonstances prévenir: "je suis pressée et d'une
humeur massacrant, laissez-moi aller en paix vers mon but".
Au bout
de quelques temps, presque une heure je crois déjà que je marche, je
commence à fatiguer, ralentir le rythme, et regarder davantage autour
de moi.
Levant les yeux par hasard en arrivant au pied d'un immeuble, je tombe en arrêt devant le spectacle qui s'offre à moi. Un homme, perché sur une échelle en bambou, appuyée en équilibre précaire contre un lampadaire, répare une installation électrique de la ville. Il est concentré, mais presque détendu, et ne semble pas déstabilisé par l'apparente fragilité de l'édifice qui le maintient. Son attitude, et même sa tenue faite d'une chemise aux manches retroussées, d'une petite casquette estivale, et de tongues, contrastent avec le travail qu'il est en train d'accomplir. Je souris à l'homme, puis me détachant de son image, commence à essayer de décrypter le fatras qui l'entoure : un amoncellement de câbles électriques qui semblent ne jamais prendre fin, emmêlés les uns aux autres.
Je ne parviens pas à détacher le regard, comme absorbée. Je commence à fredonner une chanson mélancolique :"Chuis mêlé, je m'emmêle les pédales, Chuis tout mêlé dans les rues de Montréal" (Volo). Il y a quelque chose de personnel dans cet amas de câbles. Et en effet, une fois détendu le fil des obligations que je suis chaque jour sans avoir le loisir d'y réfléchir, que reste-t-il de mes pensées, sinon un désordre grouillant de réflexions futiles, désirs contradictoires et projets inaboutis. Ce temps libre, tant attendu pour me retrouver, me laisse face à un sac de nœuds que je ne sais par quel bout attaquer. Comme j'aimerais demander conseil à cet homme qui dénoue les vrais fils sans ciller. Il m'interpelle, mettant fin à ma rêverie: "eh! ma petite dame, faut pas rester la dessous, ya des bouts qui pourraient tomber". Je le remercie d'un signe de tête et m'éloigne, en me demandant si j'arriverai réparer mes propres pensées avant qu'un bout d'émotion maladroit et incontrôlé ne vienne à tomber sur l'un de mes proches.
Inspiré par : http://www.lefigaro.fr/medias/2009/07/06/20090706PHOWWW00305.jpg
Consigne: Un texte de trois ou quatre paragraphes, ni plus ni moins, dont au moins un ou la totalité sera consacré à la description.