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Un mal des mots
15 septembre 2009

Nos amis les humains


C'était un grand jour pour la mission. Depuis 3 siècles, nous observions la terre grâce à nos puissants satellites, et nous étions parvenus à établir une planetographie complète recensant toutes les informations géographiques, biologiques, technologiques et politiques qui nous semblaient pertinentes. Nous disposions de rapports très complets, faisant état de toutes les spécificités locales que nous avions pu constater. En effet, si les humains nous avaient tous parus semblables au premier abord, nous nous étions rapidement aperçus qu'il existait en réalité de nombreuses disparités, causant la désorganisation caractéristique de cette planète.
De fait, telle que nous l'avons observée, la terre est une planète très divisée. En premier lieu, une division géographique forme plusieurs continents, séparés par des océans. Ces continents sont ensuite divisés en pays, comme nous l'avons découvert à force d'écoutes, car les pays ne peuvent être repérés géographiquement. Un pays est constitué d'un regroupement, plus ou moins important, d'humains, obéissent à un ensemble de règles communes et parlant le même langage. Nous avons en effet noté que les lois et les langages varient énormément sur l'ensemble de la planète, entraînant visiblement des désaccords qui génèrent des conflits. Les différents peuples humains n'ont donc pas les mêmes objectifs, et, sous l'inspiration de leur chef, semblent consacrer davantage de temps à défendre leurs points de vue locaux par la guerre, qu'à ?uvrer pour leur avenir commun. Plus troublant même, les objectifs politiques (objectifs communs insufflés par le chef) peuvent varier selon les périodes à l'intérieur d'un même pays. Lorsqu'un changement de chef se produit (selon un protocole varié en fonction des pays), il n'est pas rare d'observer le nouveau chef détruire toutes les actions entreprises précédemment. Ainsi, les humains n'ont aucune directive constante leur permettant de progresser, ce pourquoi nous avons qualifié cette espèce d'auto-destructrice.
Cependant, compte tenu de la jeunesse de l'espèce, et des conditions précitées, les humains ont mis en place de considérables progrès technologiques, bien qu'ils n'en aient pas toujours mesuré les conséquences. De plus, la terre est une planète sur laquelle l'art, sous de bien nombreuses formes, s'est perpétué à travers les siècles. Ces derniers constats nous laissent encore perplexes, car, prouvant que l'espèce humaine est loin d'être dépourvue d'intelligence, ils rendent encore plus inexplicable le règne de désorganisation qui s'est instauré. Pour cela, nous avons ressenti le besoin de pousser plus loin nos explorations, au niveau de la psychologie de l'espèce. A cette fin, nous devions absolument nous rendre sur terre, mais nous ne voulions pas être vus, ce qui aurait biaisé nos observations. Nos scientifiques réfléchirent donc pendant plusieurs années pour parvenir à une solution: notre technologie nous permettait à présent de prendre possession d'un corps d'humain pour explorer la planète sans éveiller les soupçons de ses semblables. C'est pour cela que ce jour marquait un tournant crucial dans notre mission.
Avec une petite équipe de sociologues, nous avions affrété un vaisseau en direction de la terre, où je serais responsable de trouver un humain pour m'y incarner. Nous nous dirigeâmes vers un champ qui semblait propice à l'atterrissage, et dépliâmes l'escalier d'accès au vaisseau. J'aperçus une humaine qui longeait un chemin en bordure de champ. Par télépathie, je lui intimai de s'approcher et de monter à bord du vaisseau. Elle s'arrêta sur la dernière marche, à l'entrée du sas où je devais prendre possession de son corps. Avant tout, en haut des marches, plus qu'une femme je vis un être. Plus qu'un corps je vis une silhouette longue que je pus seulement définir comme une ombre concrète où brillaient deux yeux pénétrants pleins d'un esprit impétueux mais cristallin. Il semblait que son regard était fait d'âme... Je n'ai pas pu m'emparer d'elle. Relâchant ma pression psychologique, je la laissai fuir. Elle était consciente, elle nous avait vus, elle fut abattue pour éviter qu'elle ne parle. Nous décollâmes précipitamment, reportant la mission. Aujourd'hui, je plaide coupable pour cet échec, et vous présente bien sûr ma démission du service d'observation terre, me tenant humblement à votre disposition pour toute tâche d'archivage que vous jugeriez bon de me confier.

Consigne: construire une histoire en réutilisant dans son intégralité une citation.
Ici, une citation d'Alexandro Jodorowsky
Extrait de : MU  Le maître et les magiciennes.
"Avant tout, en haut des marches, plus qu'une femme je vis un être. Plus qu'un corps je vis une silhouette longue que je pus seulement définir comme une ombre concrète où brillaient deux yeux pénétrants pleins d'un esprit impétueux mais cristallin. Il semblait que son regard était fait d'âme..."

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Commentaires
J
A Ventoux, en haut’ démarche, plût qu’une femme vit jeu, hein naître… <br /> <br /> Ton ton ton
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