Perception... du rêve au supermarché
La pierre, je dois
trouver la pierre.
Roméo,pourquoi es-tu Roméo ? Si je trouve la pierre nous pourrons nous marier.
Non, je dois trouver la pierre pour accéder à l’immeuble ou j’ai rendez-vous.
Si je n’y parviens pas, c’est mon travail qui est en jeu. Roméo n’est pas là…
Mais que peut bien faire la poterne ? Je lui avais pourtant demandé
d’élimer le fourrage rapidement.
Je sursaute, et feins une totale clarté d’esprit en recherchant mon billet. Avec la fatigue, je me suis assoupie dans le train. Mes rêves mélangent les textes que je vais bientôt jouer au théâtre, le rendez-vous client dont je sors, et le livre que j’étais en train de lire quand je me suis endormie.
En descendant du train, j’ai une impression étrange. Je suis à la fois ailleurs et plus présente. Je suis ailleurs car rien ne me touche. Les préoccupations qui tournent en boucle dans mon esprit stressé se sont tues. J’ai accompli mon devoir et n’ai pas de perspective pour les heures à venir. Je m’amuse avec des pensées issues de mon livre, je regarde si toutes les ombres sont aussi sombres les unes que les autres, l’un des personnages de mon roman ayant un problème d’ombre...
Je suis en même temps plus consciente. Les contours du monde réel me semblent plus nets, sa lumière plus intense. Je crois que c’est ce que l’on peut ressentir avec certains psychotropes.
La fatigue ne me pèse plus, je marche sans même le sentir.